Pour camper une telle personnalité, il fallait une actrice capable de s’investir corps et âme dans un personnage et Saoirse Ronan (Lost River et Lady Bird) relève de belle façon ce défi, parvenant à exprimer aussi bien les moments de déprime et d’addiction de la jeune femme que les instants où elle retrouve une forme d’apaisement au contact d’une nature sauvage et d’habitants qui ont des plaisirs simples, et un sens du contact chaleureux. Elle est aussi brillante dans l’expression des excès que dans celle des douleurs profondes.
Si le film n’évite pas certaines redites, notamment avec des plans sur les paysages magnifiques et austères de cet archipel perdu et sauvage, il montre bien comment Rona tente de reprendre pied et retrouver une vie normale, malgré les démons qui la hantent sans cesse. Il y a notamment une grande justesse dans les dialogues, sans doute parce qu’ils sont restés libres durant le tournage. De fait, les comédiens ont improvisé à partir d’un scénario où figuraient des indications et des directives plutôt que des répliques précises. Le cinéaste confie :« Nous avons filmé en toutes saisons et adapté notre calendrier de tournage aux exigences de la nature : nous filmions quand les agneaux naissaient, quand les oiseaux nichaient et quand les phoques nageaient ». En prime, certains habitants ont donné de leur temps sur le plateau ce qui rajoute une touche d’authenticité à l’ensemble. Le Muckle Supper est, par exemple, une danse d’ordinaire pratiquée en novembre, mais qui a été tourné en août et en septembre.
Un récit assez fort sur le drame de l’addiction et le combat pour s’en sortir. Avec quelques moments d’une vraie poésie quand Rona se jette dans la mer glacée en compagnie des phoques.
