En quelques séquences, Céline Rouzet parvient à nous faire partager au plus près le quotidien de cette famille à bout de souffle et qui a bien du mal à devoir toujours avancer cachée. Élodie Bouchez joue avec beaucoup de justesse, cette infirmière qui vole les poches de sang au centre de transfusion pour en « nourrir » son fils et qui semble en permanence, elle-même, exsangue, presque fantomatique. Et la photographie du film, solaire, et qui plus est dans ce décor montagnard majestueux, mais aussi oppressant, créé une indéniable atmosphère, malgré certaines redites ou certains effets un peu trop surlignés.
Dans cette histoire romantique, qui parle aussi d’éveil à la sensualité, on est surpris par la maturité de jeu de Mathias Legoût Hammond, qui fait passer bien des émotions, exprime aussi l’ambiguïté d’un personnage presque androgyne, alors que ce jeune homme n’avait jamais tourné avant et ne rêvait pas particulièrement de cinéma. Face à lui, Céleste Brunnquell campe avec une vraie justesse une adolescente attirée par ce beau ténébreux.
Le film peut dérouter, sembler parfois un peu lent, il s’en dégage une atmosphère certaine et une violence sourde, comme dans la scène centrale du barbecue où, soudain, la famille doit jaillir en pleine lumière au cœur du lotissement qui leur sert de refuge.
