Sur la route, Djoul et Nina, croisent bien des types de marginaux, qu’unis une certaine fraternité, même s’ils peuvent parfois se faire les poches. Dans un esprit proche du documentaire, Karim Dridi capte les regards, les expressions et réussit des moments réussis et émouvants comme celui de l’enterrement de la mère de Djoul avec laquelle elle avait coupé les ponts. L’occasion de renouer avec un père, ce qui offre l’inattendue de la séquence de fou-rire à l’énoncé du mot « travail ». C’est aussi le portrait de nomades modernes qui ont du mal à être « enfermés ». Ainsi quand le père de Djoul s’étonne qu’elle n’ait pas couché dans sa maison, elle répond : « Il y a trop de murs« …
Si le scénario semble parfois flotter un peu, certaines scènes se répéter, le cinéaste réussit à signer quelques séquences d’un réalisme parfois dérangeant, et à d’autre moment touchant : que ce soit la fausse-couche de Nina; la séparation enfantine et pudique sur le quai de la gare St-Charles de Marseille ou la fête pour célébrer le copain qu’un cancer est en train de dévorer.
Entre un air nostalgique d’accordéon et une chanson de Colette Magny, ces « fainéant(e)s » tracent leur route sans se soucier du regard des autres. Un film qui se joue de la marge.
