Montrant de façon très réaliste le quotidien d’un groupe de combattants israéliens dans la bande de Gaza (avant le massacre du 7 octobre bien sûr), – les séquences ont été tournées à proximité de la frontière avec la Cisjordanie, du côté israélien, dans le village arabe de Qulansawe – Dani Rosenberg décrit bien comment un désir de désertion peur s’emparer d’un jeune soldat confronté à cette situation. Dans le contexte de guerre, cette volonté de s’affranchir des autorités militaires et des politiques qui déterminent une telle guerre est lourde de symboles politiques. Et ce d’autant plus que pour les officiers est immédiate : la disparition de Shlomi serait d’abord dû à un enlèvement…
Filmant Shlomi dans un mouvement permanent, comme pour mieux signifier l’urgence, Dani Rosenberg fait ressentir le drame intérieur que vit ce jeune soldat. Le tout étant encore renforcé par la musique signée Yuval Semo, et qui joue sur le répétition d’un thème répété de Free Jazz, pouvant symboliser le cercle vicieux dans lequel s’enferme Shlomi. Un climat renforcé par l’implication physique de Ido Tako , impressionnant dans le rôle, et qui s’est entraîné sept mois pour s’affuter physiquement alors que le tournage suivait de manière linéaire le scénario, ce qui a « épuisé » l’acteur.
Montrant la complexité de la situation, ce Déserteur prend une résonance toute particulière alors que le gouvernement d’un Benyamin Netanyahou a décidé de mener cette politique de terre brûlée pour des raisons politiciennes, après le massacre perpétré par le Hamas et que la tension avec l’Iran est très forte. Parfois ironique, toujours prenant, ce Déserteur est un pamphlet politique qu’il faut voir sans barguigner.
