Malgré un tournage singulièrement compliqué par la pandémie de la Covid, les contrecoups de la guerre en Ukraine (30 % des animateurs étaient censés y travailler), Dorota Kobiela Welchman et Hugh Welchman sont parvenus à créer un film d’une grande beauté, marqué par l’influence de bien des peintres comme Brueghel, voire Jérôme Bosch. À travers l’histoire de Jagna, soumise aux désirs des hommes et où l’on achète une femme contre quelques arpents de terre, ce film est aussi une prise de position féministe qui n’était pas présente dans le roman d’origine. »Dans le roman, on sent que la vie de villageoise moyenne ne lui suffi t pas. C’est cette idée-là que nous voulions développer. Nous voulions montrer que la vie de toutes les femmes est déterminée par leur place dans la hiérarchie sociale, et aborder ça de façon moderne » souligne Hugh Welchman. Jagna étant la plus belle fille du village qui plus est, les réalisateurs montrent bien le poids du patriarcat face à liberté des jeunes femmes dans ces campagnes isolées et de la religion qui le soutient . Avec une violence sexuelle qui semble « banale ». Riche sur bien des aspects, ce film très réussi montre bien aussi comment se joue une certaine lutte des classes et comment la répression peut vite s’abattre quand les paysans se révoltent.
Fresque magnifique sur les saisons de la colère de Jagna, ce film d’animation est une vraie surprise.
