Au cœur de ce voyage dans le passé, il y a la rencontre avec la dernière femme de ce père détesté, dont elle force la porte pour l’obliger à se confier face à la caméra. Une vieille dame qui tente de défendre ce père disparu en disant quelle ne pouvait pas le questionner, quand les livres de Christine Angot ont fait parler de ce drame personnel, alors qu’il avait sombré dans la maladie d’Alzheimer. Évoquant ce temps fort du film, elle souligne : « Je suis quelqu’un qui réfléchit assez peu, en fait, et en fait, c’est mon doigt, à un moment, qui appuie sur la sonnette, quand Caroline en approche la caméra. Comme ce n’est pas préparé, devant la porte qui s’ouvre je suis dépassée, par ce qui arrive, parce que je ne m’y attends pas, et que je suis en train de faire quelque chose que je n’ai pas imaginé. Je suis dépassée, et en même temps je me dépasse. Comme une autre moi-même qui prend le relais, monte l’escalier, met le pied dans la porte, s’impose. Je suis dans un état de survie, d’incandescence, d’électricité. Dans ce domaine des viols sur enfant et des incestes, de toute façon, c’est soit des films pornos, soit des films de guerre. »
Mettant son âme à nue dans ce premier film, Christine Angot signe un documentaire fort, âpre et souvent bouleversant. Et qui montre bien comment, dans les drames de l’inceste, les témoins les plus proches ont bien du mal à affronter la vérité. La plainte de la dernière femme de son père est la dernière preuve du désir de ne pas affronter de telles horreurs.
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