LE VRAI VISAGE DE GUSTAVE EIFFEL
Après la diffusion du film, à 23h05, M6 propose un documentaire inédit, Eiffel, les derniers secrets. Un portrait assez documenté sur cet ingénieur très en avance sur son temps.
Aline Hoorpah a fait des solides de recherches pour libre ce documentaire. De fait, derrière la Tour Eiffel, devenue symbole de Paris et même de la France, et à l’occasion du centenaire de la disparition de son créateur – à l’âge de 91 ans – elle retrace par le menu le parcours de ce bâtisseur d’exception grâce à des archives en partie inédite, notamment ses journaux personnels.
Gustave Bonickhausen dit Eiffel, né le 15 décembre 1832 à Dijon, ne fut pas un élève très assidu – certains mots de son proviseur le prouve – jusqu’à ce que sa mère, très importante dans sa vie, ne change de métier – elle s’était lancée dans le rentable commerce de la houille – pour pouvoir mieux suivre ses études. Et ainsi, le jeune Gustave retrouva le giron familial après avoir confié à sa grand-père durant sa petite enfance.
Dès lors, il fera des études solides, échouera à l’oral de Polytechnique avant d’entre à l’École centrale des arts et manufactures où, sur les conseils de sa mère, il se spécialisa dans la métallurgie. Ce travailleur infatigable comprit très tôt l’intérêt de l’acier pour les constructions de ponts et de charpentes, et, après des constructions plus modestes, fut le maître d’œuvre du pont ferroviaire de Saint-Jean à Bordeaux, en 1858, chantier dont il assuma la direction à 26 ans seulement.
Côté vie privée, comme le rappelle le documentaire, son mariage en avril 1862 avec Marguerite Gaudelet, 17 ans, qui lui donnera cinq enfants, sera essentiel dans son parcours. Et la mort de Marguerite, à 32 ans seulement, en 1877, quelques mois avant la disparition de sa propre mère, laissera une blessure indélébile à Gustave Eiffel qui ne se remariera pas, laissant sa fille aînée Claire assurer à son côté le rôle de maîtresse de maison. Il lui écrit d’ailleurs : « Tu ne peux pas savoir la place que tu occupes dans ma vie. »
Si Eiffel construisit quelques 500 ouvrages dans une trentaine de pays, la tour Eiffel – deux ans de chantier pour ouvrir l’Exposition universelle de 1889 – demeure son chef d’œuvre. On découvre dans ce documentaire comment Eiffel eut des décennies d’avance en ce qui concerne le marketing et comment le « modèle » commercial actuel de la Tour (des restaurants aux magasins d’objets) lui doit beaucoup, lui qui avait payé la majorité du chantier pour se rétribuer ensuite sur les droits d’entrées et les produits qui n’étaient pas encore nommés « dérivés ». De même, il réussit, quitte à signer des accords de confidentialité comme avec la famille d’un vieil technicien de son équipe, Angelo Scagliotti, tué dans la cage d’un ascenseur, à ce que l’on ne parle pas des accidents survenus sur le chantier, même s’il faisait tout son possible pour veiller à la sécurité des ouvriers.
Un temps touché par le scandale du canal de Panama, quoique simple contractant pour le compte de la compagnie de Lesseps, Gustave Eiffel sera condamné en première instance en deux ans de prison avant de voir le jugement cassé par la Cour de cassation et d’être réhabilité. Gustave Eiffel qui avait encore bien des projets en tête – comme la construction d’un tunnel sous la Manche- se retira des affaires, se battit pour que la tour Eiffel ne soit pas démontée après l’Exposition Universelle, comme cela été prévu Un combat confortée quand, durant le conflit de 14-18, elle devint un enjeu stratégique pour les transmissions radiophoniques. On le voit, la réalité avec Eiffel, dépasse de loin toute fiction…

