Un message contre la solitude

Campée aussi sobrement qu’avec profondeur par Anaita Wali Zada, qui parvient d’un simple regard à faire passer bien des émotions, Donya est effectivement une jeune femme et on le voit à travers les séquences, non dénuées d’humour, où elle consulte le psy (impeccable Greg Turkington) fan de Jack London, finissant par lui faire raconter des choses intimes. Comme les personnages secondaires sont campés avec justesse -ne serait-ce que le patron chinois de Donya qui pourrait être secrètement attiré par elle ou encore le restaurateur afghan qui passe sa vie devant la télé – l’histoire conserve une belle unité narrative du début à la fin.

En prime, le choix de Balak Jalili pour le noir et blanc – il faut saluer le travail de Laura Valladao, directrice de la photo confère à l’ensemble une atmosphère singulière qui n’est pas sans similitude avec l’univers d’un Jarmusch. Le cinéaste souligne : « Je n’ai pas d’explication rationnelle ou
intellectuelle pour ce choix, c’était juste une très forte intuition, un désir puissant. Peut-être est-ce lié aux lieux du film qui sont majoritairement des intérieurs. Quand j’en ai discuté avec Laura, elle était complètement d’accord avec l’idée du noir et blanc. Nous avons parlé de nos références et la plupart venaient de la photo en format moyen. On voulait isoler les personnages dans le cadre, ne pas trop
filmer l’environnement, pour refléter l’isolement mental et social.
« 

Se jouant d’une langueur certaine, qui peut dérouter de prime abord, cette histoire émouvante et qui ne sombre jamais dans le mélo a été remarqué au dernier Festival de Deauville où il a reçu le Prix du Jury. Un bon choix !

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