Évoquant tour à tour les rapports du fort et du faible, la virilité, l’absence d’un avenir radieux, la consommation des drogues, Chien de la casse repose sur des dialogues ciselés mêlant langue classique comme argotique.
Anthony Bajon signe avec sensibilité une composition toute en retenue quand son partenaire, Raphaël Quenard explose dans le rôle de Mirales et fait penser dans certaines séquences à Patrick Dewaere et prouve un talent brut à exploiter au plus vite. Il peut passer ainsi de moments de tensions et de violences verbales (dans la séquence du restaurant où il humilie son copain) à des moments presque de tendresse, quand il aide un voisin pour acheter un ticket à gratter ou quand il écoute, sereinement, sa voisine en train de jouer du piano.
Pour l’anecdote, le titre du film est une expression qui vient des banlieues. Pour Jean-Baptiste Durand, l’amitié de ces jeunes évoque la relation maître-chien et ce rapport dominant/dominé mais sans oublier aussi un amour indéfectible et une fidélité à toute épreuve. Et il ajoute : « Le chien de la casse, c’est celui qui fait les choses pour lui, malgré ses amis qui considèrent chacun que l’autre est un chien de la casse ».
Filmé sans esbroufe, avec une caméra qui « prend le temps » de suivre les protagonistes, le cinéaste réussit un surprenant et prenant premier film.
