Sorties cinéma : mercredi 4 octobre 2023

L’AIR DE LA MER REND LIBRE, de Nadir Moknèche – 1h30

Avec Youssouf Abi-Ayad, Kenza Fortas, Saadia Bentaïeb, Zinedine Soualem, Lubna Azabal

Mon avis : 4 sur 5

L’histoire

Rennes, de nos jours. Saïd habite encore chez ses parents. Il vit une liaison secrète avec Vincent, un musicien de jazz. Incapable d’affronter sa famille, il accepte un mariage arrangé avec Hadjira. Après une histoire d’amour malheureuse et quelques démêlés avec la justice, elle aussi s’est résignée à obéir à sa mère. Piégés par leurs familles, Saïd et Hadjira s’unissent malgré eux, pour retrouver, chacun de son côté, leur liberté.

Ce qui touche dans le film ?

Nadir Moknèche (Viva Laljérie et Goodbye Morocco) signe une histoire subtile avec ce portrait d’une famille d’origine algérienne, bien intégrée dans la société française – elle tient une grande boucherie familiale – mais dont le fils cache son homosexualité à son clan. Le réalisateur raconte comment il a eu le déclic pour écrire une telle histoire sur un garçon garçons gay, arabe et français : « Si vous tapez ces trois mots sur un moteur de recherche, vous verrez apparaître une majorité d’images pornographiques, des images fétichistes associées à un stéréotype du lascar viril. J’ai toujours travaillé à tordre le cou aux clichés et à déconstruire les poncifs pour proposer une autre représentation des Maghrébins en France. »

Alors même que sa famille est bien intégrée – les autres enfants de la famille se sont mariés sans s’enfermer dans un quelconque communautarisme – Saïd étouffe dans l’étau des traditions familiales et se révolte d’abord contre ce mariage arrangé, en ayant l’audace de quitter la cérémonie un moment alors que le maire l’attend. Nadir Moknèche a eu aussi la bonne idée que sa promise, Hadjira, soit une jeune femme française qui a connu une vie libre, a raté son histoire d’amour avec un dealer et se punit par cette union organisée par les mères respectives, en revenant vers la religion. « Elle se soumet au joug de sa mère, accepte son sort et se tourne vers la religion. J’aimais l’idée qu’elle vienne du Sud de la France, qu’elle cherche à s’intégrer à Rennes, dans un environnement sans commune mesure avec son Miramas natal » commente le cinéaste.