Un Audiard inédit

D’emblée, on reconnaît le coup de griffe de Michel Audiard quand il s’agit de donner vie à des dialogues croustillants. L’homme a le sens de la formule qui touche et du portait qui fait mouche. Il écrit par exemple au moment où son « héros » vient d’éradiquer de la surface de la terre sa protectrice : « Car, en dehors de maman Glumberg qui venait de se faire effacer dans les circonstances que l’on sait, il y avait son neveu, Ralf, blondinet boutonneux, faux pédé, tringleur de seconde zone, parasite éhonté, dépouilleur patenté de la chère tante, et une colonie d’autres Glumberg, plus ou moins parents, oncles, cousins et alliés. »

Si ce court roman n’a pas la densité et la puissance narrative du grand texte de Michel Audiard, écrit après la disparition de son fils François, La Nuit, le Jour et toutes les autres nuits, il plonge le lecteur dans un petit monde interlope possédant une saveur certaine. Notamment quand il décrit un Venezuela aux prises avec une tentative révolutionnaire. Chez Audiard, la dérision est au rendez-vous de la moindre situation. Il écrit ainsi quand Gustave est confronté à un tribunal révolutionnaire car accusé d’être un « détrousseur de cadavres » : « Indécise, la lanceuse de grenades cura son chicot, me regarda et, comme je risquais une œillade d’encouragement, parut entrevoir certains dérivatifs aux servitudes révolutionnaires. »

Une pièce originale pour replonger dans l’univers de ce dialoguiste des plus inspiré et qui a marqué de son ton à la Bertrand Blier et de son imagination foisonnante les riches heures du cinéma hexagonal.

(*) Ed. Le Cherche Midi

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