Loin du père

Sans coller à la biographie de l’actrice, Tizza Covi et Rainer Frimmel ont utilisé son parcours, cette lourde filiation, pour écrire cette histoire qui n’est en rien un biopic, mais qui raconte le choc imprévu entre deux mondes. Tout en évoquant le petit théâtre permanent du cinéma, avec notamment les scènes de casting parfois cruel, notamment celle où Vera joue la bimbo alors qu’il s’agit d’un film d’époque et en costumes, tout en montrant les ravages du culte de la beauté à tout prix, malgré le temps qui passe, le film est aussi l’occasion d’évoquer les petites gens, ces anonymes qui vivent comme tant d’autres, jouant parfois sur des petites magouilles pour arrondir les fins de mois. Et l’accrochage qui permet à Vera de croiser ce mécanicien et son fils lui fait découvrir une autre vie.

Face au corps sculpté par la chirurgie esthétique de Vera, celui de Daniel de Palma, couvert de tatouage, aux muscles puissants symbolise la vie dite « normale », celle où il faut toujours faire face aux imprévus qui plombent le cours normal de la vie. Avec cette famille, cette mère si naturelle qui convie le prêtre pour bénir sa maison, Vera découvre un autre monde, plus « vrai » que le sien. Commentaires des réalisateurs : « Les autres acteurs que vous voyez dans le film avec Vera viennent d’éléments de son univers : l’agent, le chirurgien esthétique, le coiffeur, le directeur de casting, tout cela fait partie de son univers. Mais elle s’est toujours intéressée à l’autre monde, car elle tombait généralement amoureuse d’hommes complètement démunis et s’intéressait à leurs conditions de vie »

Portrait d’une femme attachante, derrière des apparences trompeuses, Vera est un film touchant dans sa manière d’évoquer – de manière simple, mais fine – les humbles, ceux qui se battent pour survivre. Une vie dans laquelle la musique populaire compte, comme le montre la belle séquence de la pizzeria avec l’inévitable chanteur à guitare…

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