Il y a l’austérité du cinéma d’un Dreyer dans cet opus, mais aussi le sens de la peinture d’aventuriers, façon John Ford dans ce film de Hlynur Pálmason qui sait capter ces instants de fraternité brute comme dans cette séquence de fête où les hommes s’affrontent dans une lutte après avoir chanté au son d’un accordéon mélancolique.
Célébration des débuts de la photographie , avec ce lourd matériel et ses produits chimiques, Godland surprend aussi par la beauté de sa mise en scène. Usant à bon escient d’un format carré aux coins arrondis, pour rappeler le daguerréotype, ce procédé photographique des débuts, Hlynur Pálmason utilise magnifiquement les paysages islandais entre landes désertes, collines dures à franchir, côtes battues par l’océan, glaciers à l’austère beauté et volcans qui crachent la nuit les torrents de lave. Tout un monde qui ne peut que rendre les hommes infiniment petits.
Présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard – et il aurait mérité plus prestigieux encore – Godland est un drame d’une beauté sombre, très bien interprété par Elliott Crosset Hove en prêtre perdu dans une contrée qui l’écrase.
