Il fut un des esprits les plus libres de la Nouvelle Vague. Jacques Rozier vient de disparaître à l’âge de 96 ans. Le départ d’un rêveur qui aimait nous inviter à larguer les amarres.
Disparu en toute discrétion, Jacques Rozier a marqué le cinéma en cinq longs-métrages seulement – Adieu Philippine, Du Côté d’Orouët, Les Naufragés de l’île de la Tortue, Maine Océan, Fifi Martingale – et quelques courts métrages toujours marqués du sceau de la liberté.
S’il aspirait à signer des films populaires, les siens ne connurent jamais un très large succès auprès du grand public. Et pourtant, cette figure de la Nouvelle Vague a souvent été salué par les critiques et ses pairs, même s’il n’a pas pu profiter d’une distribution digne de ses audaces et de ses créations frappées au sceau de la liberté et d’une vraie créativité.
Dès 1962, il le prouvait avec Adieu Philippine, une comédie dramatique sur fond de guerre d’Algérie. L’évoquant dans un ouvrage à lui consacré en 2001, Jacques Rozier soulignait : « Ce qui me frappait, c’était la ligne de séparation existant alors entre ceux qui avaient vingt ans, concernés par la guerre, et le reste de la population française qui semblait ne pas trop d’en soucier. A ce décalage s’ajoutait, vers 58, l’apparition des premiers « bienfaits » de la société de consommation. »

