Il paraît ainsi étonnant de voir un caïd à l’ancienne tel que Omar la Fraise redevenir fleur bleues pour les beaux yeux de sa chef d’usine, campée par Meriem Amiar au tempérament d’amazone et qui ne triche que pour subvenir aux besoins des enfants démunis de son quartier. Comme il paraît étonnant que, condamné en prison en France et arrêté pour tapage nocturne à Alger, Omar puisse s’en tirer à si bon compte…En prime, le film oscille en permanence entre le polar moderne, à la violence parfois inutile (la torture à la perceuse), et la comédie policière notamment quand les deux lascars se noient dans des lignes de coke ou quand Roger drague la voisine dans sa maison-palais après avoir entonné un rap de son invention. Ce qui donne l’occasion à Benoît Magimel de jouer sur la corde comique avec un sacré aplomb.
Il fallait effectivement le talent de deux comédiens de la trempe de Reda Kateb et Benoît Magimel pour donner vie à un tel duo de baltringue. Et on sent qu’ils ont mis du cœur pour rendre crédible leur personnage respectif. Costume blanc et lunettes fumées, comme un prolongement à son personnage de Pacifiction, Tourment sur les îles, Benoît Magimel signe une composition à la Audiard, quand Reda Kateb exhibe toutes les fissures profondes d’Omar. Pour autant, la pauvreté du scénario et le manque de direction d’acteurs les laisse un peu seuls à monter au front. Il y a avait pourtant quelques pistes intéressantes à suivre, comme celle du gang des enfants, mais elles ne sont qu’amorcées.
