Quand certains policiers dérapent…

L’originalité du scénario a consisté pour le cinéaste à créer le personnage de l’inspecteur Mattei de l’Inspection Générale des Services de Police, celui qui fait le lien entre l’affaire Oussekine et la mort du jeune Abdel Benyahia tué à Pantin. Il souligne : « Comme l’affaire de Malik et d’Abdel concerne des policiers, je peux créer pour le film un personnage qui passe d’une affaire à l’autre. Pour raconter cette histoire, j’ai pris cette liberté d’inventer ce personnage tout en restant dans une réalité plausible. » Un homme campé par Raphaël Personnaz à la manière d’un personnage de Jean-Pierre Melville qui passe comme une ombre silencieuse sur les lieux du drame.

Cela permet aussi de densifier l’histoire en montrant les réactions des proches : d’un côté celle du frère joué par Reda Kateb qui doit affronter la douleur mais aussi la découverte des secrets de son frère; de l’autre, celle du garagiste campé avec une dignité bouleversante par Samir Guesmi qui a compris depuis des lustres qu’un immigré, même intégré, doit savoir se faire discret.

Pour ce film, le réalisateur d’Indigènes, qui a fouillé dans les archives pour nourrir sa mise en scène, a su reconstituer une époque jusque dans ses couleurs, l’atmosphère des manifestations contre la loi Devaquet, marquées par les discours outranciers d’un certain Charles Pasqua. Et le fait de ne pas montrer frontalement les deux « bavures » a un impact plus grand sollicitant l’imaginaire du spectateur et renforçant le côté inacceptable de telles pratiques policières qui ont conduit à la dissolution de ces brigades mobiles, reformées, comme l’indique le film, au moment des Gilets jaunes…et recréées depuis !

Enfin, la BO « raconte » aussi une époque : outre la partition signée Amin Bouhafa, figurent quelques titres emblématiques des ces années, que ce soit La Mala Vida, de la Mano Negra, ou les Rita Mitsouko avec, bien sûr, la chanson finale de Renaud, Petite, dans lequel il parle de Malek et Abdel, ces « frangins qui tombent », d’où le titre de ce film qui dénonce ces errances policières si peu sanctionnées.

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