À travers l’errance de ce musicien raté et de son amour immodéré pour son chien qui aime prendre le large, il signe une comédie où l’absurde le dispute à l’inexplicable un peu à la manière de No man’s land (sur le conflit bosno-serbe en 2001). En prenant le parti d’en sourire, sinon d’en rire, il décrit l’air de rien une situation des plus complexes comme la difficulté des biens perdus et la question des chypriotes turcs. Des populations qui sont utilisés par les politiciens de tout bord dans leurs négociations.
Avec cette fable politique dans laquelle un chien ne connaît pas, bien sûr, de frontières, et se promène dans les territoires occupés du nord, il montre la folie de la situation géopolitique et la situation ubuesque du pays. Une fable bien jouée, nourrie de dialogues rythmés, avec des séquences drôles comme celle où Yiannis doit se glisser dans un refuge pour chiens ou toutes celles où il a affaire avec des forces de l’ordre quand on sent que la situation ridicule sur le papier pourrait dégénérer. Il évoque aussi le sort des immigrés turcs – comme Hassan (Fatih Al) – occupant avec sa famille les maisons des chypriotes grecs expropriés. C’est aussi une savoureuse galerie de portraits comme ceux de l’ex-petite amie Kika (Vicky Papadopoulou) et du mafieux Tuberk (Özgür Karadeniz). Quant à Hendrix, il confère un certain mordant à cette comédie.
Si le film manque parfois un peu de rythme, il pointe de manière réjouissante tous les délires nationalistes qui, depuis, la sortie de son film, n’ont pas vraiment connu d’accalmie…
Dans l’édition DVD, on peut découvrir en bonus le court métrage Down Payment de Marios Piperides.
