Dans la lignée d’un Ridley Scott façon Robin des Bois, Martin Bourboulon signe une mise en scène qui a du souffle et a misé sur les décors naturels dans des sites aussi reconnaissables que la cour du Louvre, la cathédrale de Meaux, ou le Château de Chantilly, ce qui confère un vrai cachet à son récit. Quant à la photographie, soignée, signée Nicolas Bolduc (La Belle Époque notamment), elle offre un côté vintage avec son côté imparfait, presque abîmé (peut-être un peu trop). Commentaires du cinéaste : « « Pour cela, nous avons essayé de « salir » l’image, avec de la poussière, de la fumée, autant d’artifices, qui aident à accepter le contrat particulier d’un film d’époque. » Si parfois quelques cavalcades auraient mérité une ellipse, l’affaire tourne ainsi rond même si l’on peut regretter sur les séquences – pas si nombreuses que ça – de duels ne soient pas plus fouillées, les chorégraphies plus spectaculaires.
Côté casting, la production a misé sur du lourd, quitte à manquer parfois de vraies incarnations ! Si Jean-Pierre Cassel ne surprend guère avec un jeu un peu monolithique, en Athos fatigué, et Romain Duris a tendance à jouer désormais sur le même registre en mode pirates des Caraïbes, François Civil apporte une vraie touche de jeunesse au personnage de d’Artagnan. Côté second rôle, il y a des choix qui font mouche. Louis Garrel étonne dans sa composition d’un Louis XIII presque mal à l’aise avec son pouvoir. Quant à Éric Ruf, il lui suffit d’un regard et de quelques mots pour être un remarquable cardinal de Richelieu, aussi froid que calculateur.
La vraie surprise vient du casting féminin qui apporte une grande modernité à l’adaptation : que ce soit Lyna Khoudri donnant une touche de fraicheur juvénile et de sensualité à Constance Bonacieux ou Vicky Krieps dans le rôle d’une reine de France avec laquelle il va falloir compter. Et puis, il y a Eva Green, aussi mystérieuse que belle dont l’ombre plane sur toute la première partie de ces aventures, aussi à l’aise dans les œillades mystérieuses (et assassines) que dans le maniement d’un pistolet au détour d’un couloir. C’est elle qui porte toute la modernité de cette version et lui confère un charme vénéneux. Le « À suivre » traditionnel de ce premier volet – dont la fin est un peu molle malgré quelques cavalcades de plus – donne alors envie de découvrir cette fine lame cruelle au cœur de la deuxième partie portant son nom. Pour cela, il faudra attendre le 13 décembre prochain.
