Dans Les Espions, le docteur Malik, en proie à quelques problèmes avec l’alcool, dirige une petite clinique psychiatrique. Quand un militaire américain lui propose d’héberger un homme mystérieux monnayant une forte somme, le docteur accepte sans rechigner. Cependant, il s’aperçoit que sa clinique devient le repaire d’un groupe d’espions qui prend la place de son personnel habituel.
Ayant influencé des cinéastes comme Alfred Hitchcock ou inspiré certains méchants de James Bond, ce film nettement plus sobre qu’un Metropolis joue sur l’épure, des décors symétriques sauf le salon de cette Russe, plein d’icônes car voué aux souvenirs des mots, et sur des plans millimétrés comme celui où des mains gantées ouvrent un coffre pour en piquer des documents capables de compromettre la sécurité du monde. Interprété par le même comédien que Docteur Mabuse le joueur, Rudolf Klein-Rogge, le « méchant » du récit symbolise un banquier plus capitaliste que les autres et saisi par la folie des grandeurs.
Offrant quelques solides rebondissements avec une mise en scène d’une rare efficacité, Les Espions annonce certains films de la période dite américaine du cinéaste, tels que Furie ou La Cinquième victime. Et il vaut nettement plus que la définition que le cinéaste, qui pratiquait une certaine autodérision, en donnait : « un film petit, avec beaucoup d’action. » (un des titres des nombreux bonus du coffret vient rappeler cette interview).
