Adaptation du roman éponyme de Ermanno Rea, Nostalgia est un retour au pays en forme de tragédie grecque pour Felice, campé avec une incroyable justesse de ton, de jeu et d’émotion, par Pierfrancesco Favin, dont le visage buriné semble porter tout le poids du passé et des secrets d’un personnage resté fidèle à ses amitiés adolescentes. Quoique romain, le comédien a une grande capacité de mimétisme linguistique, capital pour restituer le parler napolitain, mais aussi une fragilité apparente comme tient à le souligner le réalisateur : « A mes yeux, Pierfrancesco est anima (l’âme) comme l’était Chaplin, c’est-à-dire une incarnation féminine de l’imagination masculine. Alors que, par exemple, Anna Magnani était plutôt animus (l’esprit), soit l’aspect masculin de son âme ». Et dans les séquences avec sa mère, notamment la scène magnifique de pudeur du bain, il parvient à faire oublier un instant les violences si proches de la vie quotidienne dans une ville livrée à la mafia.
Avec des séquences fortes, comme celle des retrouvailles de deux amis d’adolescence dans laquelle les deux acteurs jouent sur la corde raide sans jamais outrer leur jeu et avec une absence de regard initiale, Nostalgia est une chronique désenchantée sur une jeunesse perdue et un passé qu’il faudrait oublier au risque de provoquer le pire…
