Avec la musique comme symbole de liberté, ce Voyage en Charabie est un joyeux hymne à la liberté et à la révolte contre les dictatures de tout poil. On le voit par exemple dans la séquence où le père d’Ernest juge de manière arbitraire les affaires soumis à lui : il apparaît clairement comme prisonnier d’un système absurde en diable. Et la devise de la Charabie étant « C’est comme ça et pas autrement », le mouvement de rébellion fomenté par Ernest et Célestine prouve bien qu’il y a une fin à tout…
Visuellement, le film est d’une extrême finesse, tant le duo de réalisateur a su s’imprégner de bien des univers pour créer ce royaume d’opérette. Commentaires de Julien Chheng : « La Charabie est un patchwork d’influences. Mais il fallait donner l’impression que ces rues existent depuis des siècles, et symboliser la mise sous tutelle du pays en représentant des architectures plus autoritaires. On doit sentir que si tout est coloré, c’est parce que c’était jadis un pays joyeux, un lieu de fêtes, mais que quelque chose d’anormal s’est mis en place ensuite. C’était l’enjeu esthétique de ces environnements.«
Bourré de malice, ce film d’animation bénéficie d’une belle musique originale aux accents balkaniques, œuvre de Vincent Courtois qui souligne : « J’ai eu envie de puiser des choses dans la musique des Balkans, sans tomber dans la caricature ni l’imitation
des fanfares populaires yougoslaves des films d’Emir Kusturica. » Quant à Lambert Wilson, il prête encore sa voix de baryton à l’ours bougon et généreux et l’on sent qu’il n’a pas boudé son plaisir de se glisser dans la peau du plantigrade ainsi défini par ses soins « un musicien bougon, émotif, attentif aux autres, et amical. »
.
