Un choix intéressant à plusieurs titres. Aux portes de Paris, ce service prouve qu’il n’y a pas de déserts médicaux qu’au fin fond des campagnes. Ensuite, il a une fonction sociale. Éric Guéret poursuit : « La Seine-Saint-Denis fait face comme tous les grands centres urbains périphériques à la paupérisation de sa population, à l’arrivée de populations migrantes, à la solitude des personnes âgées et à toutes les fragilités sociales que l’hôpital doit gérer. » Mettant sa caméra dans les pas d’internes débarquant dans le service, il montre bien comment, alors que la situation de cet hôpital n’est pas dans l’extrême, ces internes bossent à fil tendu et ce, malgré une solidarité sans failles des équipes.
À suivre ces cinq internes qui se confient librement, parlant aussi bien de leurs visions d’avenir que du rôle du médecin, à découvrir des profils sociaux différents, à les voir dans des taches quotidiennes – ainsi Amin apprend à recoudre des plaies tout au long du stage et devient un « pro » après avoir un peu tâtonné au début – on mesure bien comment ces stagiaires sont en première ligne. On le voit, par exemple, quand une interne passe des heures pour trouver une place à un malade.
Sans effet mélodramatique, avec l’idée astucieuse d’avoir opté pour la musique originale sur les sonorités aériennes et électros de Cascadeur, Éric Guéret décrit bien, comment dans un contexte de crise réelle, les praticiens des urgences sont de tous les combats. Et comment ces internes reçoivent une sorte de baptême du feu quand ils débarquent dans un tel service. Où le médical se met toujours, malgré les difficultés quotidiennes, au service de l’humain. Mais jusqu’à quand si aucun changement dans la politique de la santé n’est vraiment pensé et mis en œuvre ?
