Il n’y a pas non plus de caricature dans la description des clients avec même des séquences non dénuées d’humour comme lorsque Emma enseigne à un client, campé par un Philippe Rebbot lunaire à souhait la technique du cunnilingus pour satisfaire sa femme.
Au cœur du récit, il y a Ana Girardot tout à fait étonnante dans la justesse de son jeu, son abandon devant une caméra, même quand les séquences ont dû être difficiles à jouer. Elle dit : » C’est ce qui m’a vraiment frappée dès le début dans ce scénario : raconter une femme avec ses qualités et ses défauts, qui assume un projet qui n’est pas compris mais qu’elle met quand même en œuvre. Elle ne sauve personne, mais se lance malgré tout dans son aventure, uniquement pour son plaisir. En général, on veut que le personnage en sauve un autre, mais en réalité les femmes sont multiples, plurielles. Ce que dit Emma, c’est « cela ne vous
plait pas, et bien tant pis », et c’est aussi ce que je voulais montrer dans mon interprétation. »
Si le film ne peut représenter la dimension littéraire de l’histoire originale, la difficulté de montrer sans le prisme de la lecture et de ses fantasmes induits, La Maison, malgré quelques longueurs, est un film audacieux, porté par une belle galerie de seconds rôles, de Rossy de Palma en prostituée senior à Aure Atika, qui a fait de la domination sa carte de visite.
Filmant au plus près des visages et des corps – dans la maison de passe, la cinéaste a usé du Steadicam si mobile – accompagnant les scènes de musiques modernes et parfois lyriques signées Jack Bartman, La Maison est un film qui ne peut que susciter bien des débats. Tout, sauf un film tiède.
