Le film redonne une figure à cette voix en faisant de Sophia l’unique protagoniste de cette fiction que Nathalie Boutefeu porte de bout en bout avec un indéniable talent. Au fil de ses confidences, face à la caméra, elle montre comment, par amour, Sophia s’est dévouée corps et âme à son mari dont elle fut, entre autres, la copiste et dont on sent qu’il se comportait en patriarche autoritaire et distant avec sa jeune épouse. Au fur et à mesure du récit, on mesure à quel point leur relation a pu être violente psychologiquement.
L’usage minutieux et intelligent de tous ces textes bien réels ne permet pas pour autant au film d’exister pleinement. Même si l’on sait l’importance de la nature chez Tolstoï et d’autres auteurs russes, les plans sur une mer agitée ou des sous-bois habités de bien des animaux finissent pas être répétitifs. Même si on comprend bien que, symboliquement, la beauté du jardin contraste avec le violence de cette vie conjugale. Et, malgré le grand talent de Nathalie Boutefeu, on finit par avoir le sentiment qu’il s’agit plus d’un acte de théâtre filmé que d’un film de cinéma à part entière. Les fans de Frederick Wiseman y trouveront sans doute leur compte…
