Jouant subtilement sur les décors anonymes belges – le film a été tournée dans la région de Liège et du Condroz avec, en majorité, leur équipe habituelle – les frères Dardenne suivent de manière très réaliste les errances de Tori et Lokita, parvenant à ne jamais s’appesantir de manière glauque sur les moments les plus pesants. Ce qui donne toute la force émotionnelle à cette histoire d’amitié pure face à une société des plus noires.
Une fois de plus, Jean-Pierre et Luc Dardenne font montre de leur talent dans la direction d’acteurs, tant ils arrivent à faire « dire » le maximum par les deux jeunes comédiens qui ne sont pas professionnels et portent pourtant l’histoire à bout de bras, sans aucune fausse note.
Il n’est pas étonnant alors que le jury du dernier Festival de Cannes ait remis à ce drame des temps modernes le Prix du 75ème, tant ce opus, très bien joué, est d’une grande sensibilité tout en racontant une histoire engagée. Avec, en petite musique de fond, un choix inattendu : celui d’un tube de Branduardi revisité par le duo de jeunes amis quand ils se produisent dans le restaurant. Comme un dernier retour vers une enfance perdue.
Un film aussi sobre que prenant.
