Une histoire d’amour. En faisant jouer à Léa Seydoux un rôle de contre-emploi – souvent figure de désir, elle campe ici une jeune mère qui ne joue pas sur la séduction – Mia Hansen-Løve la filme loin des clichés glamour habituels. La cinéaste poursuit : « J’ai voulu la dépouiller de ses attributs de séduction. La filmer avec des cheveux courts, la tête nue, ça va dans ce sens. » La rencontre avec le vieil ami, élégamment campé par Melvil Poupaud, lui redonne goût à la passion, fût-elle adultère et donc compliquée à vivre pour elle, face à un mâle hésitant (un schéma au demeurant classique). Avec un jeu plus intériorisé et moins porté sur les regards mystérieux que d’ordinaire, Léa Seydoux change de registre en donnant corps à cette mère qui retrouve, après une longue abstinence, les chemins de l’amour.
Le casting bien équilibré. Dans le rôle du père aveugle et déclinant, qui s’exprime d’une voix douce, Pascal Gregorry signe une composition des plus émouvantes d’un homme qui « marche » vers la fin. Quant à Nicole Garcia, elle incarne la mère divorcée et autoritaire, qui continue à vivre à belle allure et orchestre sans vraiment se dévoiler les dernières semaines de son ex-mari.
Filmant encore en 35mm (elle l’a toujours fait sauf pour Eden), qu’elle préfère pour son rendu plus poétique à l’image, Mia Hansen-Løve signe un film très émouvant et parvient à un équilibre étonnant entre larmes et émotions dans ce scénario subtil qui dit beaucoup de choses sans les surligner.
