On sent Lola Quivoron habitée par un sujet qu’elle connaît depuis des lustres. Elle suit le milieu des rodéos depuis l’enfance – elle habitait alors à Epinay-sur-Seine (93)- quand elle voyait les jeunes en moto-cross passer en bas de son immeuble. C’est lors de son court métrage Au Loin Baltimore en 2015, alors qu’elle était à la Fémis, que l’envie d’en nourrir un scénario a lentement germé . Elle raconte : « J’étais tombée sur des vidéos sur les réseaux sociaux de jeunes qui pratiquaient le cross-bitume et qui se faisaient appeler Dirty Riderz Crew. J’ai contacté le leader du groupe, Pack, qui m’a invité à passer du temps sur leur ligne d’entraînement, dans le 77. Ce jour-là, j’ai vraiment été saisie. Ça a été une rencontre physique. Les moteurs sont très forts, la pratique assez brutale, c’est très impressionnant. Ils se croisent sur des lignes qui sont des routes à double sens assez étroites. J’y suis retournée une cinquantaine de fois et je me suis liée d’amitié avec eux. »
Si le film connaît quelques baisses de rythme, notamment dans la deuxième partie lorsque Julia tisse des liens de complicité avec l’épouse de son boss, Domino, qui est en taule et dirige, grâce à des magouilles avec un surveillant, son « business » depuis sa cellule, si l’on aimerait une présentation psychologique plus poussée de la jeune motarde, marquée par une crise existentielle la poussant vers une autodestruction, Rodéo est un premier film plein de promesses. Et certaines séquences, comme la veillée funèbre sont d’une grande force. Quant à la prestation de Julie Ledru, au jeu d’une étonnante maturité, il ne peut qu’être salué car une actrice est vraiment née grâce à sa passion pour le cross-bitume. Il reste pour autant à confirmer l’essai.
Il faudra suivre les nouveaux tours de piste de Lola Quivoron après cet opus audacieux qui a marqué le dernier Festival de Cannes où il a reçu le prix coup de cœur du Jury dans la section Un certain regard. Et dont la mise en scène est des plus efficaces même si le contenu du scénario n’est pas, à proprement parler, d’une extrême densité.
