Le regard des femmes. Ce qui est intéressant dans le regard de Pierre Schoeller, c’est qu’il a filmé la Révolution à hauteur d’hommes et surtout de femmes. Commentaires du cinéaste : « Ce qui m’a frappé, c’est l’enthousiasme, le courage de ces femmes et de ces hommes. Une manière unique de s’inventer une citoyenneté, des valeurs aussi fortes que l’égalité, la souveraineté, l’insoumission que des siècles et des siècles de pouvoir leur avaient refusées.« Des vieux quartiers de Paris aux ors de Versailles, les femmes comptent dans ces heures qui ont bouleversé et on a souvent oublié leur rôle.
Un casting des plus solides. Les acteurs relèvent tous le défi de cette originale fresque et de Niels Schneider en Saint-Just en Louis Garrel, qui campe un étonnant Robespierre trentenaire, en passant par Denis Lavant (étonnant Marat, figure complexe de l’ami du Peuple) le casting est à la hauteur de l’enjeu historique et cinématographique. Quant à Laurent Lafitte, il incarne un Louis XVI échappant à bien des images d’Épinal d’un roi absent, comme dégagé de ses responsabilités. Quant aux actrices, elles donnent vie à toutes ces femmes qui ont joué un rôle décisif à un tournant de la Révolution. Outre Adèle Hænel et Izia Higelin, Céline Sallette joue avec fougue une vendeuse de hareng, à côté des chocolatières et autres figures qui font entendre leur voix, avec un grand courage malgré l’omniprésence masculine.
La mise en scène restitue parfaitement une époque avec l’éclairage à la bougie pour les scènes nocturnes – le travail du chef opérateur Julien Hirsch est magnifique-, des décors privés de tout artifice et le souci que la caméra « colle » à la vie du petit peuple de Paris. Un peuple et son roi est une « lecture » tout à fait intéressante de cette révolte des petites gens qui fut le terreau de la Révolution française.
