Comme dans son film précédent, Vanishing Point, le temps est le thème central d’un récit qui oscille entre des instants d’une forme de somnolence, de rêve éveillé qui transporte les personnages ailleurs et loin, et des plongées dans la réalité de la lutte militaire contre la guérilla communiste dans un climat nocturne. « Je crois que le temps trouve vraiment son sens au moment de la mort. Et le cinéma permet ainsi une expérience complète du phénomène du temps« , ajoute Jakrawat Nilthamrong.
Pour un public peu au fait de l’histoire de la Thaïlande, l’évocation des luttes des années 60 est certainement un peu compliquée à appréhender. Pour autant, Anatomy of Time montre comment pour le général qui agonise, il est impossible de faire la paix avec ce passé si pesant. Malgré le dévouement de sa femme, il sent qu’il ne pourra pas mourir apaisé. Avec le temps, les personnages de cette histoire semblent condamnés à payer pour « les péchés du passé« .
Nourri de séquences psychologiquement violentes – comme celle où la jeune aide médicale « dit » ses « vérités au général agonisant après qu’il l’a insultée- ce film est aussi une évocation de la Nature comme moyen d’approcher la vérité. Et cela donne des moments forts et inattendus comme la très belle séquence sur le nid des abeilles, servie par l’approche subtile de directeur de la photographie, Phuttiphong Aroonpheng.
Un film à l’accès pas toujours facile mais qui est une réflexion subtile sur l’usure du temps et le désir d’échapper à une certaine fatalité.
