Et puis, il y a, malgré l’implication des membres de ces lieux, la froide réalité de la Préfecture que l’on mesure à chaque plan dans ce cadre. Les deux réalisateurs le disent sans détour : « C’est froid, glacé même, que ce soit dans le décor ou dans les propos. Youssef, Zerbo, Obahullai, Alhassan, Djibrill, Guyot, Salomon, Johnson, Pavel… tous ont vécu là le scandale de ce non-accueil français, cherchant prétexte à ne pas instruire une demande d’asile. »
Alors, même si certain comme Johnson, venu du Niger, s’accroche à leur rêve de devenir chanteur, présentant même le producteur trouvé parmi leurs compagnons d’infortune, on mesure clairement comment, loin des images véhiculées souvent par les médias, le sort de ces migrants n’a rien d’une sinécure et on mesure à quel point la lenteur administrative et la complexité des lois rendent le quotidien de ces laissés-pour-compte, handicapés qui plus est par les problèmes de langue, sans grand espoir.
Tourné il y a quelques temps déjà, ce documentaire prend une résonance particulière quand on compare le sort de ces migrants venus d’Afghanistan, d’Afrique, de Syrie à ceux des récents traumatisés de l’Ukraine. Comme s’il y avait plusieurs attitudes à avoir face à la misère du monde…
