Une réalisation d’un beau classicisme. Faisant le choix de centrer le récit autour de la figure de Bruno Reidal, en laissant un peu dans l’ombre les personnages de son entourage, Vincent Le Port place le spectateur au plus près de lui, pour tenter de percer le mystère de cet être taciturne qui se comporte en observateur du monde jusqu’au moment où ses pulsions le poussent à commettre l’irréparable. En optant pour suivre le fait divers de manière chronologique, en laissant une large place à l’interrogatoire du corps médical, le cinéaste décrit bien le processus de confession qui est celui du jeune criminel. Ce qui, face à l’horreur du crime, ne peut que renforcer l’impact du film. Et l’atmosphère de ce film n’est pas sans rappeler cette de Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère, de René Allio.
Un acteur extraordinaire. Pour parvenir à donner vie à cet adolescent qui a été marqué à tout jamais par la solitude, les interdits, et est déchiré par les troubles intérieurs, il fallait un comédien capable d’exprimer beaucoup d’émotions dans une grand économie de jeu et de geste. À cet égard, le choix de Dimitri Doré – trois comédiens campent le coupable à différents âges de sa vie – est tout à fait étonnant tant ce jeune acteur incarne avec subtilité ce personnage bizarre qui souffre d’un rapport trouble à la religion comme à la sexualité. Et qui parvient, avec une économie de mots et de gestes, à faire passer bien des émotions à l’image.
Construit sur un scénario très riche, ce drame historique est prenant de bout en bout.

