Pierre Niney en lobbyiste sans foi ni loi !

Une mise en scène nerveuse. Sans tomber dans le manichéisme, ni enfoncer les portes ouvertes, la réalisation habille avec force ce sujet qui aborde bien des décors, des univers aussi différents que les réunions de paysans, le milieu des avocats ou celui des lobbyistes en costard fait sur mesure qui hante les bars des hôtels de luxe. Dans ce puzzle, remarquablement construit, Frédéric Tellier a œuvré avec le chef de la photographie Renaud Chassaing, pour jouer sur le contraste entre la beauté de la nature et l’univers de ceux qui s’attachent à la détruire.

Un casting trois étoiles. Au départ, c’est Emmanuelle Bercot qui devait camper l’avocate, Gilles Lellouche, le lobbyiste et Pierre Niney, celui du professeur de sport devenant un activiste écologique . Il a dû revoir sa copie car Gilles Lellouche ne voulait pas jouer ce type froid et détestable obsédé par le fric. Le résultat est d’une redoutable efficacité, d’autant plus que le trio est entouré de seconds rôles solides, notamment Laurent Stocker, autre lobbyiste sans foi ni loi, et de Jacques Perrin, engagé depuis longtemps dans la défense de l’environnement.

Nature en diable, Emmanuelle Bercot campe avec fougue cette femme pas toujours aimable mais qui se bat pour ses convictions. Gilles Lellouche est surprenant en avocat spécialiste en droit de l’environnement et qui est abîmé par une existence sous pression et une consommation un peu trop régulière d’alcool. Enfin, le film est porté par Pierre Niney, excellent en « salaud », ce lobbyiste à la violence sourde qui s’aperçoit petit à petit qu’il va perdre le match. Un vrai contre-emploi après le rôle du pompier courageux et blessé qu’il campait dans le précédent film de Frédéric Tellier, Sauver ou périr. Et le cinéaste de conclure : « Je crois vraiment qu’on peut être un salopard toute ta vie. Sans jamais changer de cap ou manifester de regrets. En revanche on s’arrange avec la vérité, avec sa propre vérité. On est humainement une saloperie, on est égoïste, ou manipulateur, on se sert des autres, on crée du malheur ou de la souffrance, mais au nom de quelque chose, qui fait qu’on se ment à soi-même. Et puis on n’est pas une saloperie sur toute la ligne, on donne quand même à des œuvres, on est sympa en société, on est drôle. » Cette fois, Pierre Niney remet les compteurs à zéro avec un personnage d’une telle envergure. On savait ce comédien parmi les plus doués de sa génération : il le confirme en apportant cette touche nouvelle à sa palette.

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