Techniquement, Mikhaïl Kalatozov et Sergueï Ouroussevski, son directeur de la photographie et vieux complice, signent une mise en scène hallucinante dans ce film tourné sur un an pour capter le passage des saisons, du froid sibérien au printemps où tout devient boueux, où le moindre pas ressemble à un supplice.
Ces deux amateurs d’expérimentations ont joué sur place avec les éléments, superposé les images pour créer des collages surréalistes dans ce récit au premier abord d’un réalisme très classique. En prime, ils ont ajouté des machineries comme la soufflerie destinée à créer l’effet de l’ouragan et restitue l’âpreté du climat dans cette région extrême.
Comme la jungle, le désert sibérien rend fou et les protagonistes de cette quête ne peuvent que suivre, comme des robots, une longue route incertaine pour tenter de finir leur mission et d’offrir aux autorités la carte de leur découverte d’un gisement. Une route dont on se doute que l’issue sera dramatique. Si la manière de dire certains dialogues est aujourd’hui un peu datée, toute comme l’utilisation de la musique, la mise en scène du film très moderne embarque le spectateur dans une quête hallucinante dans laquelle la Nature se venge de l’homme qui tente de la dominer. Une vision prémonitoire ?
Restauré, le film sortira en DVD et BLU-RAY le 15 mars (Potemkine Films)

