Tout en cultivant avec son vieux pote Blumberg la passion pour un jazz des familles, l’ado tombe aussi amoureux de la belle Nicole, une fille moins coincée que lui. Et qui surgit comme une héroïne de cinéma : « C’est ce moment magique où la femme n’est plus une jeune fille mais où la jeune fille n’est pas tout à fait une femme. » Mais, à cet âge-là, les amours ne durent souvent qu’un jour.
Bien sûr, on retrouve la griffe de Blier dans des échanges qui sonnent comme des dialogues, notamment dans sa manière de gérer notamment l’indéfini. Du style : « Quand on a une fille en petite tenue, on s’inquiète, confirme un flic. » Chez lui, le sens de la formule reste intact et touche toujours la cible, du style : « C’est pas une langue dans une bouche qui va changer le cours du monde. »
Dans ce roman qui « tire vers l’autobiographie, prudemment », Bertrand Blier termine par un voyage avers La Colombe d’Or à Saint-Paul-de-Vence (son père n’oubliant jamais les étapes gastronomiques) où il décrit une saisissante rencontre avec Henri-Georges Clouzot leur faisant visionner Le Mystère Picasso. Et qui donne lieu à quelques échanges bien sentis entre son acteur de père et le cinéaste qui cherche l’acteur principal de son prochain film, Les Espions, lui demande son avis sans penser… à lui proposer le rôle. Nouvelle réplique du père à son fils : « C’est un con, ce Clouzot ! dit mon père. Pourquoi il me prend pas moi ? C’est moi le meilleur pour jouer son rôle !«
In fine, le romancier-cinéaste évoque le moment où il a décidé de faire du cinéma et la réplique de son père : « Tu vas te faire chier pendant vingt ans, mais on sera avec toi. » On connaît la suite…
(*) Editions Seghers
Ce qu’il disait en 2019
