Petit à petit, on est presque étonné de voir comment entre deux députés que tout oppose s’établit une certaine complicité devant la détresse de ces femmes et la complexité du processus législatif. Elle naît aussi par le fait que Bonnell a connu un drame personnel et reste sensible à la situation de ces femmes de l’ombre. C’est Ubu au pays de la République qui marche… en claudiquant.
Se définissant comme il dit dans Première, comme un « homme de guérilla« , François Ruffin se met en scène avec un sens consommé de l’humour mis au service de convictions et d’un combat politique. À la manière d’un héros de conte de Voltaire, ses réactions permettent de mesurer l’absurdité de certaines situations. Et il apparaît comme un fil directeur de la narration d’un film qui se termine, de manière inattendue (et touchante) par une séquence de comédie musicale dans laquelle Demy ne reconnaîtrait sans doute pas… ces Demoiselles. Mais, avec un pèlerin comme Ruffin, capable aussi de pousser une vraie colère quand le projet est dénaturé par les commissions de l’Assemblée, les lignes peuvent être bougées, quitte à « réinventer l’Assemblée » au féminin !
