Justin Chon sait tirer profit des décors (que ce soit ce pont typiquement américain devant la maison du couple désargenté ou le salon de tatouage) pour créer une atmosphère originale dans laquelle Antonio et Katy tentent de vivre « normalement » avec une famille recomposée et ce, malgré le regard rempli de colère de la mère de Katy qui désapprouve cette union. Les comédiens font aussi tout leur possible pour habiter ce drame, notamment Alicia Vikader qui exprime tous les traumatismes vécus par cette mère enceinte et qui , accablée par les mensonges de son compagnon, fait toutefois front.
C’est tout cette première partie du film qui nous touche, tant la sincérité du cinéaste est forte et les situations justes. On y perçoit notamment la morgue des forces de l’ordre face à cette communauté venue d’ailleurs. Là où le film se gâte, c’est dans le dernier tiers où le cinéaste a tendance à forcer la dose dans le malheur. Tout y est : l’enfance maltraitée, le racisme, le cancer… Le mélo final qui va crescendo finit par tuer l’émotion véritable procurée par la première partie de l’histoire et l’on est déçu par cette manière de tout surligner, comme s’il fallait l’outrance pour nous émouvoir. On ne peut pas faire pleurer en pleurant tout le temps et le déluge lacrymal final finit pas peser très lourd.
Malgré tout, ce film a touché les spectateurs du 47ème Festival de Deauville où il a remporté le prix du public.
