Buster Keaton, l’inégalé

Une fois de plus, on est bluffé par les qualités de gymnaste d’un artiste élastique, capable de sauter d’un wagon à l’autre, de tenir en équilibre à l’avant de la locomotive lancée à pleine vapeur ou de se jouer d’un canon récalcitrant… Un comédien qui peut aussi jouer les amoureux transis et timides quand il s’agit de faire la cour à la belle Annabelle : la séquence où il se rend chez elle avec les deux gamins des rues et où, en fait, elle… le suit devant sa maison est très réussie et le visage lunaire de Keaton découvrant la jeune fille est très touchant.

Cette comédie offre aussi quelques saisissants moments d’action comme dans la séquence du pont enflammé sur la rivière pour permettre au cheminot de jouer son va-tout et de fuir ceux qui le traquent et sont en nombre. Sans oublier le gag récurrent du réservoir d’eau au bord de la voie ferrée. Ou la séquence du jet de traverse en bois sur la locomotive qui s’échappe.

Avec Keaton, le spectateur plonge en permanence dans un monde où les machines et les objets semblent doués d’une vie propre. En prime, les aventures de son personnage livrent quelques « messages » discrets : parodiant bien des films de genre, ce film montre par exemple comment le cheminot est accueilli en héros dans la bourgade où la majorité des gens le traitaient au départ de « minables ». L’ironie est là, dominée, et cela vaut mieux qu’un long discours.

Si le film n’a pas commercialement marché à ses débuts, il est aujourd’hui considéré, à juste titre, comme un des chefs d’œuvre de Buster Keaton qui fit de sa légèreté un art de vivre et de jouer…

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