Il n’est pas facile d’incarner une idée – la défense écologique – avec une fiction mais Farid Bentoumi y parvient sans détour. Il y arrive aussi en doublant ce polar écolo par un drame familial : celui du rapport entre une père et une fille, tiraillée entre son amour pour ce chef de clan sympathique et courageux et ses convictions profondes. Et Zita Hanrot joue avec une justesse troublante cette jeune femme bourrée de contradiction. « Dans l’usine, note le cinéaste, elle n’est pas traitée comme une femme mais comme une salariée parmi les autres. Elle prend sa place dans le collectif de l’usine. C’était bien de ne pas sur-féminiser le rôle, de ne pas tomber dans un truc sexiste. De même que je ne surligne pas l’arabité de Slimane et Nour, je ne surligne pas la féminité de Nour. Zita est assez grande et talentueuse pour prendre en charge elle-même la féminité. «
Jouant sur des personnages qui sont complexes, qui masquent bien des fêlures, Rouge est un film politique au sens noble du terme. Et le travail de George Lechaptois sur les images mérite d’être salué en guise de conclusion provisoire d’une des belles surprises de l’été.
