Loin du monde rural, le passage par l’étape de l’armée change complètement d’univers avec d’autres codes, d’autres manières de voir. Le commandant de Petar, malgré une approche chaleureuse, avoue vite son incapacité à percer le mystère de ce soldat. Un monde dans lequel le berger semble étranger, même s’il suit les directives sans barguigner. Car cet homme accroché à sa terre accepte son destin sans jamais ne le remettre en question.
Jouant plus sur les émotions que sur des explications, Kamen Kalev nous convie dans un monde mystérieux. Photographe de formation, il porte une attention particulière au cadre, ce qui donne à l’ensemble une vraie cohérence graphique. Il conclue : « Quand j’écris, je vois les images et j’ai déjà le découpage en tête. C’est important pour moi de ne pas monter beaucoup. Cela consiste du coup à privilégier des plans qui peuvent faire vivre au maximum l’espace et le personnage, de façon à offrir au spectateur la possibilité de partir dans son propre rêve et se reconnecter ensuite au film sans avoir perdu le fil de la narration ». Au fil des séquences, il se dégage alors de cet opus une grande poésie visuelle qui correspond bien à l’atmosphère générale d’un film audacieux.
