Une odyssée fantastique

Revisiter une histoire aussi célèbre que celle de Peter Pan est l’occasion pour Benh Zeitli de faire entendre sa petite musique et d’apposer son coup de griffe sur le film. Évoquant aussi bien la peur de grandir que la crainte de la fin, il signe un récit célébrant la beauté de l’enfance mais en optant pour une forme, parfois déroutante, de réalisme magique. Si l’évocation des rêves de l’enfance est au cœur de l’histoire, on n’y retrouve aucune des naïvetés qui sont l’apanage de l’univers d’un Disney par exemple. Il y a chez Wendy par exemple le désir chevillé au corps ne pas finir sa vie dans le restaurant miteux de sa mère qui se tue pour le faire survivre.

Si tous les codes du conte fantastique sont bien présents dans ce film, Benh Zeitli ne décroche jamais complètement du réel. On peut juste déplorer, in fine, une symbolique un peu lourde qui ne permet pas à ce beau film de décoller pleinement. Il n’en demeure pas moins une vraie poésie et un vrai lyrisme dans les errances de Wendy dont une partie des décors a été inspirée par la cadre de l’île de Montserrat dans les Antilles, dont l’activité volcanique est encore récente.

Enfin, comme à l’accoutumée, le cinéaste voulait des interprètes non-professionnels. Avec son équipe, il a démarché des endroits les plus divers – d’école en église – et il a eu la main heureuse en dénichant Devin France, une fillette originaire de Louisiane rencontrée en 2015 lors d’un casting improvisé dans une bibliothèque située à quelques kilomètres de la ville. Quant à Yashua Mack, il a été trouvé au camp de Nyahbinghi Rastafari, situé en pleine forêt,à Montserrat où le naturaliste Philemon « Mappie » Murrain avait conduit le cinéaste devenu un ami. C’est ce lieu qui est devenu le pays imaginaire de Wendy. Un univers éroutant mais, ne manquant pas de charme.

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