En adaptant le roman éponyme de Laurent Mauvignier, Des hommes, Lucas Belvaux exploite un thème marquant du cinéma français : celui de la guerre d’Algérie. Sur les écrans le 2 juin.
En 2009, Laurent Mauvignier sortait Des hommes, aux Éditions de Minuit, l’histoire d’anciens soldats français qui, quarante ans plus tard, se remémorent les sources de l’inconcevable et de l’indicible. Mariés, ayant fondé parfois une famille, il suffit alors d’une journée d’anniversaire pour que les démons du passé ressurgissent dans leur vie… Ayant obtenu le label Cannes 2020, la version signée Lucas Belvaux débarque donc sur grand écran. Le cinéaste se souvient du choc de la lecture : « Il y a bien sûr le style, une écriture syncopée, haletante qui fait naître la tragédie de l’insignifiant, de l’ordinaire, du silence. Laurent Mauvignier est un grand auteur mais on n’adapte pas un style. On peut en revanche adapter un procédé. Ici, ce sont les flash-backs, les soliloques, le récit non chronologique au fil de la pensée. Mais au-delà de ça, ce sont les thèmes développés qui m’ont accroché parce qu’ils rejoignent les questions qui me tarabustent depuis des années : la confrontation des destins individuels avec la grande Histoire, les souvenirs, la culpabilité, les blessures secrètes et les marques indélébiles que la guerre laisse dans les consciences. »
Évoquant les blessures enfouis d’une salle guerre, le film se focalise sur quelques figures incarnées par des comédiens jouant sur le rasoir. Ainsi Gérard Depardieu met son talent et sa démesure au service de Feu-de-Bois, un taiseux explosif. Commentaires du cinéaste : « On le voit à deux époques de sa vie, distantes de plus de quarante ans. Quand il arrive en Algérie, il a vingt ans et il s’appelle Bernard. Il va y découvrir à la fois la beauté du monde et de l’amour mais aussi l’horreur dont l’humanité est capable. Il ne s’en remettra jamais. L’histoire de l’Algérie passionne Gérard, il la connaît très bien. Il est trop jeune pour avoir fait la guerre mais, enfant, adolescent, il a connu des appelés, il les a vus revenir, cassés. En plus, c’est un provincial. On peut imaginer qu’il a connu Feu-de-Bois. Il n’a pas eu à l’inventer. Il pouvait faire appel à ses souvenirs et à son talent ! »


