Quand Buñuel ausculte la bougeoisie

Patrimoine

L’ANGE EXTERMINATEUR, de Luis Buñuel – 1h35

Avec Silvia Pinal, Tito Junco, Enrique Rambal

Sortie : 1962

Avec cette histoire, entre drame et film fantastique, Luis Buñuel signe un de ses grands films de la période mexicaine. Le scénario symbolise bien l’attachement du cinéaste pour l’univers surréaliste…

EUn couple bourgeois de Mexico, dmundo et Lucia de Nobile, donnent une réception après l’opéra dans leur luxueuse demeure. Quelques faits bizarres se produisent alors : des domestiques partent sans expliquer leur comportement, les invités connaissent une impression de déjà vu, Ana retire de son sac deux pattes de poulet alors que Blanca joue au piano une sonate de Paradisi. Au moment de partir, une étrange réaction interdit aux invités de quitter les lieux. Ces derniers finissent par dormir sur place. Mais le lendemain matin, ils constatent qu’il est toujours impossible de sortir du salon.

Alors que l’Espagne de Franco venait de condamner son Viridiana pour blasphème, Buñuel signait ce pamphlet ironique sur cette bourgeoisie, certes mexicaine mais qui est la sœur jumelle de la castillane, prise au piège et dont l’enfermement agit comme un révélateur de toutes les tares. L’espace de cet emprisonnement, dont la raison reste inconnue jusqu’au terme du film, cette population se laisse aller à toutes les dérives quand craque le vernis de la bonne éducation. Ainsi quand le soudain bris d’une glace fait lancer à une des protagonistes : « C’est encore le coup d’un juif ! » Et bien sûr, il y a l’ironie permanente du cinéaste face à la religion catholique – le film s’ouvre et se termine par une séquence de messe – dont il n’a eu de cesse de montrer les névroses.

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