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RAOUL TABURIN A UN SECRET, de Pierre Godeau – 1h30
Avec Benoît Poelvoorde, Edouard Baer, Suzanne Clément
– Diffusion : sur Canal+, mardi 13, 21h10 –
Pierre Godeau s’est attaqué à un pari risqué : adapter l’univers graphique, poétique et délicat d’un Sempé qui joue de la suggestion comme arme de séduction massive. Raoul Taburin, c’est l’histoire d’un imposteur. Raoul Taburin, c’est l’histoire d’un petit garçon devenu grand sans savoir faire du vélo. L’histoire d’un immense malentendu vécu comme une malédiction.
Déjà dans Juliette et Eperdument, Pierre Godeau aimait mélanger la fantaisie et une forme d’onirisme. Il récidive dans ce troisième film. Et raconte : « Le rêve et la poésie permettent d’exprimer le vécu, le ressenti du personnage. J’ai aussi un côté naïf, enfantin et très rêveur ».
Sempé n’a pas boudé son plaisir de voir son héros vivre une nouvelle vie au cinéma. Il déclarait à la sortie du film en 2019 : « Je n’ai jamais eu la prétention d’imaginer que le cinéma puisse s’intéresser à mon travail. Ce n’est que lorsqu’on me l’a proposé que je me suis dit : « Quelle bonne idée ! », mais cela n’avait rien d’évident initialement. L’idée qu’une voix off raconte l’histoire m’enchantait, car j’aime énormément cela : ça berce, ça saisit, ça embarque. Je suis émerveillé par le « Il était une fois… ». J’ai le goût du conte, et Raoul Taburin en est un. J’aime beaucoup raconter et me raconter des histoires. Je passe beaucoup de temps à ça depuis toujours ».
Tourné en juin et juillet 2017 dans le département de la Drôme, notamment à Venterol (village de Raoul Taburin) et à Mollans-sur-Ouvèze (atelier de Raoul Taburin), le film offre une plongée nostalgique dans l’univers des années 60 et le cinéaste n’a pas hésité à utiliser les services de comédiens non professionnels, ce qui donne un vrai cachet à son récit.
Si la voix off explicative ne donne pas un côté très moderne au film, si le décor fait parfois penser à une carte postale surannée, le charme du film repose sur le jeu très juste du trio de comédiens. Benoît Poelvoorde n’en fait pas trois tonnes et Edouard Baer joue impeccablement quand on découvre Suzanne Clément dans un registre léger inattendu chez elle.
Finalement, on peut ressentir un certain charme à cet univers burlesque à l’indéniable poésie du quotidien.

