PATRIMOINE
MORITURI, de Bernhard Wicki – 1h58
Avec Marlon Brando et Yul Brynner
Sortie : 1965
Avec ce film qui est à la fois un film de guerre et un film d’espionnage, on s’embarque pour une étrange aventure avec deux monstres sacrés. L’histoire ? Au Japon, 1942, un allemand apolitique se voit obliger d’infiltrer un bateau transportant une précieuse cargaison de caoutchouc jusqu’en Allemagne. Sa mission est alors d’empêcher le capitaine de saborder le navire si celui ci est visé par la marine anglaise.
Premier film à présenter la seconde guerre mondiale du point de vue allemand et qui ne montre pas les Allemands comme un groupe uniforme, Morituri est une espèce de huit-clos maritime, où le voyage de ce navire à la cargaison précieuse n’est interrompu que par de rares incursions de vaisseaux militaires, notamment quand le sous-marin livre sa cargaison de rescapés.
Ce film repose sur la confrontation Brynner/Brando : ils se livrent à une petite guerre des nerfs par des joutes verbales et autres affrontements verbaux devant un équipage qui, parfois, semble
compter les coups. On peut certes trouver que Brando a un jeu un peu théâtral mais, il assure dans toutes les situations arborant un sourire inquiétant à l’envi, ce qui rend le comportement de son personnage complexe à souhait.
Face à lui, Yul Brynner est parfait en pacha ombrageux qui tient tout son monde d’une poigne de fer. Et qui, malgré son respect de la hiérarchie, n’hésite pas à protéger la jeune passagère rescapée du naufrage, alors même qu’elle est juive.
SI Morituri n’est pas un très grand film, sa mise en scène solide, la belle utilisation du noir et blanc, la justesse de sa description d’une vie à bord d’un cargo (avec le camouflage qui change au gré des situations), en font un opus à redécouvrir. Si le titre fait directement référence au salut des gladiateurs, il fut changé à la sortie du film car rendu responsable de son échec au box-office : il fut alors rebaptisé Saboteur : code morituri…
