PATRIMOINE
LE FAUSSAIRE, de Volker Schlöndorff – 1h48
Avec Bruno Ganz, Hanna Schygulla, Jean Carmet
Sortie : 1981
Avec Le Faussaire, Volker Schlöndorff suit un reporter en pleine crise de couple qui plonge dans le Liban déchiré par une guerre civile fratricide et confessionnelles. L’histoire ? Un reporter allemand, en mission a Beyrouth, découvre la confusion de la guerre du Liban et retrouve une ancienne maîtresse, Ariane. Dans cette ville martyrisée, il découvre toutes les facettes d’un conflit qui vont avoir sur lui des conséquences qui dépassent largement son job de grand reporter…
Avec le recul, et malgré la froideur du propos, on ne peut qu’être étonné par la manière dont Volker Schlöndorff a pu tourner ce film au cœur d’une ville en guerre dont il utilise les moindres rues pour y faire errer ce reporter perdu. Et ce n’est pas Ariane, une femme libre, qui va lui offrir un fil pour trouver son chemin dans ce décor de fin du monde.
Au gré des séquences, Volker Schlöndorff montre bien la difficulté pour un journaliste de faire son métier dans de telles conditions où on perd ses repères, où l’on peut être arrêté avec brutalité par une milice pour une demi-heure plus tard trinquer avec ses membres qui ont reconnu le reporter. Cinéaste, il filme aussi de manière singulière le partenaire 
photographe du journaliste allemand, et sait utiliser une mitraillette sur un piano à queue pour soigner ses effets. Quant à Jean Carmet, il campe avec un jeu plein d’ambiguïté un de ses profiteurs de guerre, capable aussi bien de vendre une arme que des photos de massacre dans une ville où la survie passer aussi par des dollars.
Dans ce monde perdu, qui va conduire le reporter à ne rien écrire à son retour après avoir eu la tentation de se perdre dans ce Beyrouth sous les bombes, seule, la femme campée avec grâce et élégance par Hanna Schygulla, semble tirer son épingle du jeu et avoir l’énergie pour survivre à tout.
Un film audacieux et à la mise en scène tout à fait saisissante.
TRAVELLINGUE 