C’est sur Netflix que David Fincher revient au format long après six ans au cours desquels il a signé plusieurs séries. Diffusé à compter du 4 décembre, Mank porte la griffe d’un cinéaste original.
Mank est un hommage puissant au cinéma. Le pitch ? Dans cette histoire qui jette un point de vue caustique sur le Hollywood des années 30, le scénariste Herman J. Mankiewicz, dit « Mank », alcoolique invétéré au regard acerbe, tente de boucler à temps le script de Citizen Kane d’Orson Welles.
Ce scénario ne date pas d’hier. De fait, il est l’œuvre du père de David Fincher, Jack Fincher, qui fut l’ancien rédacteur en chef de Life Magazine. Après la sortie de The Game en 1997, son fils souhaitait adapter ce script avec Kevin Spacey (qu’il connaissait bien puisqu’il avait joué le diabolique tueur en série de Seven) dans la peau du rôle-titre. Mais les studios ne voulait pas se risquer à un tel projet, que Fincher prévoyait déjà de tourner en noir et blanc.
C’est dire si son retour sur grand écran après le très remarqué Gone Girl en 2014 ne pouvait se faire qu’avec un projet des plus ambitieux et portant « sa » griffe . Pour ce faire, ce cinéaste méticuleux s’attaque au « film des films », LE Citizen Kane qui plaça d’emblée le jeune Welles, alors âgé de 24 ans, dans la cour des plus grands, en redonnant vie au vieil Hollywood avec un soin maniaque.
Film sur le cinéma évoquant un autre film mythique, le pari est risqué et Fincher le sait comme il le disait récemment à Première évoquant un « film qui nécessite même que le spectateur ait une certaine compréhension de cet autre film pour s’y retrouver. »
Nourri de plein de références au 7ème Art – Mankiewicz fut aussi le scénariste des Marx Brothers – Mank mise sur les nuances, prend une certaine distance avec l’arrivisme des protagonistes, et porte un regard caustique sur ce petit monde. Avec, au cœur du scénario, un Gary Oldman qui campe ce personnage usé et autodestructeur, à l’aise avec tous les nantis dont il fera sa cible dans son scénario.

Rongé par le sentiment d’inutilité, Mank – son frère Joseph Mankiewicz n’est à cette époque qu’un jeune ambitieux de plus à Hollywood – peut rêver d’une reconnaissance artistique, comme une rédemption avec ce Citizen Kane.
Ce sont deux vieux complices de Fincher – Trent Reznor et Atticus Ross- qui ont composé la bande originale de Mank, un film nostalgique sur un temps où le cinéma était destiné à une projection en salles. Bien avant l’ère Netflix…
