JEAN-LOUP DABADIE AU PARADIS DES ARTISTES

Disparu ce jour, Jean-Loup Dabadie aurait aussi bien pu figurer dans une chronique sur la musique que sur le cinéma ou le théâtre, tant cet auteur fut tout-terrain. Retour sur un parcours qui ne manque ni d’élégance, ni d’imagination.

C’est un enfant de Paris qui vient de disparaître. Un homme élégant né dans le 14è arrondissement le 27 septembre 1938. Signe terrible d’une époque, son agent a cru bon de signaler qu’il était mort à l’hôpital mais pas de la Covid-19, comme s’il fallait justifier des raisons de sa mort. Ce genre d’ineptie, Dabadie aurait pu en faire un sketch, lui qui a aussi bien écrit pour Guy Bedos que pour Polnareff (Lettre à France et surtout On Ira tous au paradis) ou Julien Clerc (Femmes, je vous aime) et, bien sûr, pour le cinéma où son nom est gravé sur bien des génériques comme scénariste et adaptateur.

 

 

Ayant débuté comme journaliste et écrivain, Jean-Loup Dabadie était de la race des éclectiques. Avec sa silhouette de dandy tranquille, ce passionné de tennis  avait commencé son histoire au cinéma assez tôt en ayant un credo : « Le métier de scénariste doit se faire dans une ombre infinie.”Sur grand écran, il avait signé le scénario d’une bonne trentaine de films qui demeurent, notamment ceux de Sautet : César et Rosalie (1972) ou ces Choses de la vie (1970, un film diffusé ce soir sur Arte, juste après la disparition de Michel Piccoli et, bien sûr, Vincent, François Paul et les autres en 1974. Il avait aussi écrit, avec le succès qu’on fait, pour François Truffaut (Une belle fille comme moi, en 1972); Yves Robert (Un éléphant, ça trompe énormément; Nous irons tous au paradis) ou encore Jean-Paul Rappeneau (Le Sauvage). Avec son sens des situations et des répliques qui font mouche, c’était le créateur de ce type de film choral où, en toile de fond, il y a la crise économique de la fin des années 70, un changement d’époque, un changement de mœurs… Un univers où l’amitié virile tenait bon et où, malgré les coups du sort de la vie, l’univers restait fraternel et joyeux.

Les années 1980 avait marqué un coup d’arrêt dans ses productions même s’il avait continué d’inventer des histoires. Il venait de terminer l’adaptation pour le cinéma d’un roman de Simenon, Les Volets verts, dont le premier rôle incombait à Gérard Depardieu.

Élu à l’Académie française en 2008, cet homme de mots et d’imagination y avait toute sa place. Il y apportait une certaine légèreté propre à l’esprit d’un vrai saltimbanque. Cet « auteur musicien » comme le qualifiait Julien Clerc, va indéniablement manquer…

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