Cannes : le poing de Pialat

Rétro Cannes


En 1987, Maurice Pialat adapte pour la première fois avec Sous le soleil de Satan, l’ouvrage d’un écrivain, Georges Bernanos. La Palme d’or qu’il remporte reste dans les mémoires.

Sous le soleil de Satan a marqué l’histoire de Cannes pour deux raisons : cela faisait vingt ans qu’un film français n’avait pas décroché une Palme d’or depuis Un homme et une femme. Ensuite, le film créa la polémique et, avec son caractère tranché, Pialat ne fit rien pour arranger les choses.

L’histoire est celle d’une relation trouble entre un prêtre et une jeune meurtrière. a jeune Mouchette, 16 ans, tue son amant. Tout le monde pense que le défunt s’est suicidé. Mais l’adolescente ressent le besoin de confier son crime à l’abbé Donissan, le vicaire du village. Une relation étrange, malsaine et fallacieuse se noue entre eux. Pour ce film, Pialat retrouve deux comédiens familiers : Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire.Porté par la photographie magnifique de Willy Kurant, ce drame austère décrit bien un homme de foi qui doute, qui est hanté par le mal et l’échec de sa mission et a bien du mal à établir un contact avec ses ouailles.

Présentant une humanité désespérée – Pialat  n’est pas un cinéaste de l’optimisme loin de là – Sous le soleil de Satan offrit à Depardieu un de ses grands rôles. Évoquant son travail avec Pialat, Depardieu disait : « Pour les acteurs, il y a chez Maurice tellement de travail derrière, justement pour ne pas « acter ». Il y a tellement d’équilibre pour essayer de retrouver une vérité qui pourrait être sa propre vérité, mais qui en même temps nous échappe toujours, et heureusement, sinon on serait des copies de copies, des singes de nous-mêmes. Être acteur dans une œuvre de Maurice Pialat, c’est essayer de trouver l’essentiel. »

Venant recevoir le trophée sous les sifflets d’une partie du public, Pialat avait levé le poing au ciel et lancé : « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus. » Un instant de vive polémique comme Cannes peut les aimer…

 

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