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Cadres noirs, de Pierre Lemaître était un grand polar sur fond de crise sociale et de chômage des cadres. C’est Ziad Doueiri qui l’a adapté en série dans Dérapages avec Eric Cantona dans le rôle principal. IL faut écouter l’acteur témoigner pour n’avoir qu’une envie : découvrir cette adaptation ce soir sur Arte à 20h55 (trois épisodes suivront la semaine prochaine.)

Dans Cadres noirs, Pierre Lemaître portait le fer dans la plaie sociale en racontant l’odyssée d’un DRH au chômage, Alain Delambre,  prêt à tout pour retrouver un job alors que toutes les portes se fermaient devant lui. Dans l’adaptation télévisée en six épisodes, Eric Cantona (qui joue Delambre au côté de Suzanne Clément) lance face à la caméra : « Je n’ai jamais été un homme violent. Je n’ai jamais voulu tuer personne. (…) Quand j’ai compris à quel point j’étais en colère, j’ai pris peur mais c’était trop tard. » Dans la droite ligne du polar original, Ziad Douerie a voulu mêler ici le polar, la chronique judiciaire, le drame familial et la critique d’un certain cynisme néo-libéral.Dans les colonnes du Parisien, Eric Cantona, fidèle à son parler franc, quitte à en énerver plus d’un, ne cache pas ses idées. Il déclare notamment : « La série défend le fait que la violence des mots, les humiliations peuvent être aussi fortes que la violence physique. Depuis des décennies, on est dans un système qui est là pour broyer l’humain. Et on nous a répété qu’il fallait s’adapter, sinon on était l’idiot du village. Avant l’apparition du coronavirus, la révolte grondait. Ce qui arrive est un drame, mais j’ai toujours été optimiste. Si j’ai fait des bêtises, je les ai assumées et j’ai pris un autre chemin vers le meilleur. Je crois en la métamorphose. Aujourd’hui, nous sommes tous au bord du précipice : on craint pour nos vies, on a peur de la crise économique… J’espère qu’on va profiter de cette crise pour créer un monde meilleur, avec plus d’humanité. Au moins, cette épidémie aura servi à quelque chose. »

Une chose est sûre : le polar de Lemaître montrait, il y a déjà dix ans, comment le système libéral était un broyeur d’ego. Nous verrons vite s’il convenait de partager l’optimisme d’un Cantona. En attendant, action avec cette série en six épisodes !