VIVRE JUSQU’À LA MORT…

LES ÉQUILIBRISTES, de Perrine Michel – 1h39

Documentaire

Sortie : mercredi 18 mars 2020

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Au sein d’un service de soins palliatifs, une équipe soignante accompagne des personnes de tous âges vers la mort, dans un équilibre entre le patient, sa famille, le traitement de sa douleur et son état de présence. En parallèle de cette médecine à visage humain, la voix de la réalisatrice se fait entendre. Elle accompagne, elle aussi, sa mère à travers la maladie . Quatre corps en mouvement mettent en lumière la chronique de cet accompagnement.

Ce qui touche dans ce film ?

La fin de vie est un sujet qui touche tellement à l’intime, heurte certaines convictions religieuses parfois mais suscite souvent la peur, qu’il est toujours difficile de l’aborder avec justesse. Le fait d’avoir vécu de près ce cap difficile a joué un rôle de déclencheur dans l’esprit de Perrine Michel pour se lancer dans l’écriture de ce documentaire. Elle raconte : « En 2002, mon père est mort dans un service de cancérologie. Avant son décès, alors qu’il était condamné, une infirmière m’avait dit : « Il aurait été bien dans un service de soins palliatifs.  » J’ai longtemps imaginé ce qu’était un tel service, un lieu énigmatique, où les malades de cancer ne sont pas guéris, mais où ils sont « biens ». »

C’est dans l’Unité de soins palliatifs des Diaconesses à Paris, où elle a été recommandée auprès de Laure Copel, cheffe de service, qu’elle a pu tourner après cinq mois de repérage pour convaincre les membres du service d’accepter la présence d’une équipe de tournage dans un lieu si spécifique et où l’intime est préservé malgré une situation des plus critiques.Ayant pris le parti de ne filmer ni les malades, ni leurs proches, Perrine Michel réussit un exercice périlleux d’équilibriste. Avec une caméra présente mais qui « ne joue pas les vedettes », elle a réussi de capter au plus près les réactions, les émotions, mais aussi les joies, de ces vivants « dont le métier est de conduire chaque personne vers la mort, que personne ne connaît. »

Il y a des moments de vraies émotions, sans pathos, quand une infirmière décrit un couple dont le mari, encore jeune, est condamné et qui se prépare tous les jours un petit cérémonial du repas, comme si la vie était « normale ». On mesure aussi, à travers les témoignages, comment ces soignants reçoivent beaucoup de vie de ces malades avant qu’ils ne disparaissent.

La réalisatrice a choisi de glisser en intermède poétique de cette vie aux portes de la mort une scénographie interprétée par quatre danseurs. L’idée est intéressante et apporte un contrepoint à ces témoignages. On peut simplement regretter que ce ballet tire parfois un peu en longueur car ce documentaire, aussi pudique que fort, n’avait pas toujours besoin de ces variations.

 

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